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Le canonnier de Rommel

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Le canonnier de Rommel Empty Le canonnier de Rommel

Message  cryx thypex Ven 20 Nov 2009 - 20:13

(extrait du livre "le canonnier de Rommel". 1964. Il y aura un texte publié par jour).
Attention, ce récit peut contenir certaines scènes violentes. Âmes sensibles s'abstenir.


- A toi de jouer, Schultz ! Tu rêves, ma parole !
Kurt hocha la tête en souriant.
- C’est vrai ! reconnut-il en abattant une carte sur la table. Je n’aurais jamais cru qu’on parviendrai à le prendre un jour, ce maudit Tobrouk ! Et maintenant, nous y voilà !
- ça ne vaut pas Berlin ! grommela Borowitz. Je…
Le tir rapide d’un canon de D.C.A. lui coupa la parole, il fut suivit aussitôt par le hurlemement d’une sirène.
Maixner consulta sa montre-bracelet.
- Huit heures du soir, annonça-t-il. Les Tommies sont fidèles au rendez-vous. Ces
salopards interrompent régulièrement notre partie de cartes !
- On descend dans l’abri ? Proposa Schultz.
Eteignons tout simplement la lumière, répliqua Borowitz. Dans dix minutes, tout sera terminé, comme d’habitude !
Il joignit le geste à la parole, et le baraquement se trouva plongé dans une obscurité totale.
Les premières bombes commencèrent à tomber. A l’intérieur de la ville, semblait-il. Le sol se mit à trembler, tandis que les oiseaux de mort continuaient à ronronner haut dans le ciel. La D.C.A. était déchaînée.
- Voilà les copains qui en mettent un sacré coup ! Commença Schultz. Ils…
Le petit pointeur s’interrompit soudain.
- Ecoutez donc, fit-il. On dirait des rafales de mitraillette !
Ils tendirent l’oreille. De fait, entre deux éclatements de bombes, et accompagnant le tonnerre de la D.C.A., on percevait très distinctement le claquement sec des armes automatiques, et parfois même des coups de feu isolés.
- On ne s’amuse pas à tirer à la mitraillette ou au fusil contre des avions, monologua
Maixner. Les anglais, les gars ! Ce sont encore ces mangeurs de roastbeef qui essayent de nous jouer un tour à leur façon ! Donnerwetter !


Dernière édition par cryx thypex le Sam 21 Nov 2009 - 19:54, édité 1 fois
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Message  cryx thypex Sam 21 Nov 2009 - 19:51

Le capitaine James Cullavon jeta un coup d’œil sur le cadran phosphorescent de sa montre. Il eut du mal à fixer les chiffres, car le camion lourdement chargé cahotait sur la route étroite. Dix-neuf heures cinquante minutes, lut-il enfin.

- Nous sommes à l’heure, Jock ! Fit-il en soupirant. J’espère que la R.A.F. sera exacte au rendez-vous, elle aussi !
- Pour ça, vous pouvez être tranquille, mon capitaine ! le rassura le chauffeur. Les gars lâcheront leurs pruneaux au moment voulu !
Il se tut un instant pour ajouter :
- Compliments pour l’uniforme, mon capitaine, il vous va comme un gant !
- Dis plutôt qu’il me brûle la peau, Jock ! grommela le capitaine.

Il alluma une « Players », et en tira nerveusement une bouffée. L’odeur douceâtre du tabac blond opiacé se répandit dans la cabine.
Cet uniforme d’officier de l’Afrika Korps lui brûlait la peau, en effet. L’état-major britannique n’avait pu digérer la perte de Tobrouk. Il fallait empêcher les allemands de se servir du port, même si pour cela, on devait violer les lois de la guerre. Alors, on avait échafaudé un plan audacieux, insensé même à première vue, mais qui, au fond, avait de grandes chances de réussir.
On lancerait cinq camions bourrés de faux prisonniers britanniques vers tobrouk. Les prisonniers seraient convoyés par des gradés revêtus de l’uniforme allemand. Il y avait beaucoup de chances pour que les sentinelles les laissent passer sans faire d’histoires. Et si elles en faisaient…
Une fois à l’intérieur de la ville, les hommes- des commandos triés sur le volet- se lanceraient à l’attaque. Le mot d’ordre était simple : « tuer tout ce que l’on rencontrerait, allemands et italiens. Armés ou non. Ne pas s’encombrer de prisonniers. »

L’effort principal devait porter sur les batteries de canons qui défendaient l’entrée du port. Ceci afin de permettre aux navires de guerre, qui croisaint au large de débarquer les troupes dont ils étaient bourrés. Au petit matin, l’affaire devait être terminée. Rommel aurait une de ces surprises !
James Cullavon soupira à nouveau. Tout était parfait. Sauf cet uniforme dont il était affublé. Si les allemands le faisaient prisonnier dans cette tenue, ils le fusilleraient séance tenante, ainsi que c’était leur droit.
Au loin, sur la route, une petite lueur rouge se mit à osciller de bas en haut.
Le chauffeur leva le pied de l’accélérateur.

- Nous y sommes, mon capitaine ! murmura-t-il.
D’un geste machinal Cullavon tendit le mince câble de soie dont il avait enroulé une extrémité autour de sa main droite. Avec ce lacet on pouvait étrangler un homme rapidement, et sans qu’il pousse le moindre cri. C’était les Indiens qui lui avaient appris cela, et les Anglais avaient retenu la leçon.
Le feldgendarme qui barrait la route semblait immense, mais il était seul.
« Quelle imprudence ! songea Cullavon ». Il est vrai que Rommel manque cruellement de troupes, et puis les Allemands sont à cent lieues de se douter de ce qui se prépare, si loin à l’intérieur de leur lignes ! »
Jock freina assez brutalement, et les camions qui suivaient l’imitèrent. Les hommes qui se trouvaient sur ces camions restaient silencieux, ils avaient l’air déprimé comme de vrais prisonniers. Cullavon descendit sur la route.
- Les feuilles de route, s’il vous plait ? demanda le feldgendarme en s’approchant.
L’homme était sans méfiance. Pourquoi se serait-il méfié, du reste ? Des prisonniers, il en arrivait à toutes les heures du jour et de la nuit ! Les camions étaient de marque anglaise, mais à ce moment 70% des véhicules automobiles de l’Afrika Korps étaient des prises de guerre.
D’un geste parfaitement dégagé, Cullavon tendit une liasse de papiers à l’Allemand. Le feldgendarme laissa pendre sa mitraillette à la bretelle, il alluma une petite torche électrique, et s’apprêta à prendre connaissance des papiers.
Cullavon se glissa derrière lui…
Ce fut extraordinairement rapide. Le lacet fatal se noua autour de la gorge de l’homme, qui lâcha torche et papiers pour porter les deux mains à son cou, d’un geste purement instinctif.
Il n’y eut pas un râle, pas un cri. Le feldgendarme s’écroula lourdement sur le sol. Cullavon poussa le cadavre au bord de la route, et fit un signe.
- En avant !

Et il sauta dans le camion qui roulait déjà. L’entrée de la ville était libre. Au loin on entendait ronronner les « Wellington » lourdement chargés de bombes. Dans quelques secondes l’enfer allait se déchaîner. Et le capitaine james Cullavon savait qu’il pouvait compter sur ses hommes pour que ce soit réellement l’enfer.
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Message  cryx thypex Dim 22 Nov 2009 - 12:25

Le major Angelo Mezzadra déboucha une nouvelle fiasque de Chianti. Ses compagnons, trois officiers des blindés comme lui-même, suivaient ses gestes avec intérêt.
Le liquide couleur rubis se mis à couler dans les verres.

- Portons un toast, Signori ! fit le major Mezzadra en se levant. Buvons à la fin prochaine de cette damnée guerre ! pour ma part, je préfère la Via Veneto à ce misérable patelin où nous nous trouvons pour le moment.
Ils choquèrent leurs verres. A cet instant précis, la D.C.A. se mit à tirer, et la première bombe éclata. Sur la table, la bouteille de Chianti se mit à osciller.
Les quatre Italiens se dévisagèrent avec inquiétude. Ces Anglais sont de véritables brutes ! gémit le capitaine Bardolo. Santa Madonna ! Ils ne pourraient pas nous laisser respirer un peu ? Rien qu’un tout petit peu ?
Un bruit de pas se fit entendre au-dehors. La porte du baraquement fut violemment poussée, et s’ouvrit toute grande.

- Ma qué ?...commença le major Mezzadra, dont les yeux s’agrandirent. De terreur autant que de stupéfaction.
Les « brutes » dont parlait le capitaine Bardolo se tenaient sur le seuil. Ils étaient trois, armés jusqu’aux dents. Mitraillette, revolver, le long couteau des commandos, et une musette bourrée de grenades. Chacun d’eux transportait un véritable arsenal, et ils avaient l’air terrible.
Durant quelques fractions de seconde, la scène se figea, comme un film brusquement bloqué.
Puis l’un des anglais leva le canon de sa mitraillette.
Rrran !
Il n’y eut qu’une seule rafale. Elle balaya les quatre Italiens qui tenaient toujours leur verre à la main, et fracassa la bouteille de Chianti…
Pour faire bonne mesure, l’un des commandos dégoupilla une grenade et la jeta dans la pièce.
Puis les trois hommes s’en furent en quête d’autres victimes.
La grenade explosa avec un fracas assourdissant qui s’ajouta aux explosions des bombes et au tir rageur de la D.C.A.
Dans Tobrouk le diable était lâché.
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Message  cryx thypex Lun 23 Nov 2009 - 19:25

Maixner était un homme à l'esprit lucide, aux décisions promptes et sans appel.
- Mitraillettes, revolvers et grenades! Dit-il. Il vaut mieux aller voir ce qui se passe, plutôt que de les attendre ici! Je suis sûr que les Anglais tentent un coup de main sur la ville. Ces types adorent nous faire ce genre de surprises!
Les trois hommes cherchèrent leurs armes à tâtons dans l'obscurité. Le vacarme battait toujours son plein. Les pièces de D.C.A. Tiraient sans discontinuer sur les vagues de bombardiers qui déferlaient l'une après l'autre, les bombes tombaient en sifflant, et dans la ville même les commandos se livraient à un véritable massacre de la garnison. Les hommes endormis étaient impitoyablement fauchés par les rafales des Tommy-guns, sans compter les grenades jetées dans les fenêtres et les moindres ouvertures suspectes.
Schultz ouvrit la porte, et une bouffée d'air frais lui fouetta le visage. La mer n'était pas loin.

Ils sortirent en courant. Quelques ombres se profilèrent au bout de la rue étroite, bordée de petites maisons trapues.
- Halt! Fit Maixner en hurlant pour dominer le vacarme. Qui va là?
Des coups de feu lui répondirent.
Les trois hommes, côte à côte, lâchèrent une courte rafale. Les ombres s'enfuirent aussitôt. Sauf l'une d'elles qui s'affala sur le sol.
Schultz arriva le premier auprès du corps étendu. Il n'y avait pas de doute, c'était bien un Anglais. Il avait reçu plusieurs balles dans le visage, et Kurt sentit un petit frisson lui courir le long du dos. Ce n'était pas très beau à voir.
On entendit à nouveau crépiter une mitraillette sur la droite, à laquelle répondirent les claquements nettement espacés d'un revolver. L'instant d'après un feldwebel s'avança en titubant comme un homme ivre. Sa main gauche se crispait sur son ventre d'où sortaient des flots de sang, la drotie tenait un revolver dont le canon fumait encore.
- Les salauds! Fit-il d'une voix étouffée lorsqu'il fut arrivé à hauteur des trois camarades. - c'est...un...vrai massacre! Le mess... des officiers, les gars...C'est là qu'il...
Il hoqueta, puis bascula en avant d'une seule pièce, la face contre le sol.
- Le lieutenant bayer! S'exclama Borowitz. Il est au mess, les gars! Allons-y!
Ils foncèrent comme des fous à travers la ville, au moment où une nouvelle vague de « Wellington » s'attaquait au port lui même. Chemin faisant, ils trébuchèrent sur des cadavres, anglais ou allemands.Les commandos du capitaine James Cullavon n'avait pas eu chaque fois la partie facile. L'effet de surprise passé, la résistance commençait à s'organiser peu à peu.

Le mess des officiers, qui n'était autre que l'ancien mess des officiers britanniques, était une assez grande bâtisse située au coeur même de la ville. C'était l'un des objectifs principaux de l'opération, les commandos anglais espéraient y prendre bon nombre de gradés – et même de hauts gradés – allemands au piège.
Le calcul était juste. Il péchait par un seul côté, c'est qu'au lieu de se laisser abattre comme des quilles, la poignée d'Allemands présents au mess se battirent comme de beaux diables.
Mais ils n'étaient que quelques-uns, contre une vingtaine de gaillards armés jusqu'aux dents, et assoiffés de sang. La plupart des Allemands étaient blessés plus ou moins grievement et les chargeurs des revolvers ne contenaient presque plus de cartouches. La fin n'était plus qu'une question de minutes.
C'est à ce moment là que surgirent les artilleurs.
-Tenez bon, mon lieutenant! Gronda une voix de basse qui parvint à dominer le bruit des coups de feu.
Borowitz venait d'apercevoir le lieutenant au fond de la salle. Bayer se battait à coups de poing et de crosse de revolver avec un Anglais athlétique. Il s'accrochait à son adversaire, l'empêchant de faire usage de ses armes.
Et Borowitz fonça.
Il se fraya un chemin à travers l'enchevêtrement des tables et des chaises renversées, tandis que Maixner et Schultz se colletaient déjà avec un groupe d'adversaires. Il était difficile de faire usage des mitraillettes dans cet enchevêtrement de combattants, les rafales risquant d'atteindre amis comme ennemis.
tenez bon, mon lieutenant! Cria encore une fois Borowitz.
Le commando anglais avait réussi à jeter Bayer sur le plancher. D'une main il le tenait par la gorge, l'autre levait déjà le long couteau effilé à la lame brillante.
Borowitz plongea.
L'Anglais bascula sur le dos. Il sentit une masse pesante lui écraser la poitrine, et des mains énormes se nouer autour de sa gorge.
Un râle étouffé s'échappa de sa bouche, et ce fut tout.
- Venez, mon lieutenant! Fit le colosse en se redressant. Il faut se tirer d'ici en vitesse!
Bayer se releva à son tour. Il chancelait, et le sang coulait d'une large estafilade qu'il portait au front.
- Au port! Fit-il. Il faut aller au port! Je suis sûr que les Anglais vont tenter un débarquement!
Dans la petite salle le combat touchait à sa fin, faute de combattants. Une rafale de mitrailette claqua sèchement, tirée par Schultz, et les deux derniers Anglais s'écroulèrent.
Le lieutenant Bayer semblait avoir repris tous ses esprits.
- Au port! S'exclama-t-il, une fois de plus. Il ne faut pas qu'ils réussissent à mettre les batteries hors d'usage, sans quoi nous sommes fichus!
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Message  cryx thypex Mar 24 Nov 2009 - 21:24

- Damned ! Jura le capitaine James Cullavon en consultant, une fois de plus, sa montre-bracelet. Ça ne se déroule pas tout à fait comme prévu...
Non. L'opération « Agreement », c'est son nom de code, avait reçu du plomb dans l'aile.
Et cependant, Dieu sait, si tout avait été calculé avvec minutie. Les commandos devaient former une tête de pont au dus de la baie de Tobrouk. Ils avaient également pour tâche de s'emparer des batteries côtières et de réduite la D.C.A. Au silence. Après, ce serait à la marine de Sa Majesté d'entrer en action.
Des destroyers bourrés de troupes s'approcheraient aussi près que possible de la plage, au nord de la ville, et y débarqueraient les hommes. Des vedettes rapides, ayant à leur bord des troupes spéciales, accosteraient près de la tête de pont formée par les commandos.
Après quoi, ces hommes auraient pour tâche de prendre la ville, d'y faire sauter toutes les installations importantes, et de détruire toutes les liaisons. Du beau travail quoi. Et, dans l'ensemble, un sérieux coup à l'Afrika Korps de Rommel. Ensuite, les survivants de l'opérationn devaient réembarquer. S'il y avait des survivants...
Jusqu'à présent tout avait bien marché, ou à peu près. Les commandos avaient fait un véritable massacre d'Italiens. Abrutis par le Chianti, endormis, ou tout simplement foudroyés par la stupéfaction, les servants des batteries et leurs officiers, s'étaient laissés occire sans difficultés. « Ecoeurant! » songeait Cullavon. « Si, au moins, ils avaient opposé une certaine résistance, cela aurait été plus sport! »
Les Allemands, bien que surpris, avaient opposé une résistance farouche. Et les commandos avaient perdu des minutes précieuses.
En ce moment même, par exemple, Cullavon scrutait anxieusement le ciel, s'attendant d'une seconde à l'autre à y voir éclater les fusées blanches qui signaleraient que la tête de pont avait enfin été formée. Il pourrait alors, lui-même, envoyer des fusées vertes en direction de la mer. Les vedettes rapides qui croisaient au large mettraient leurs puissants moteurs au régime maximum, et piqueraient à toute vitesse vers la plage.
Mais Cullavon avait beau regarder le ciel, il n'y avait pas de fusées blanches. Il fallait attender, en se rongeant les poings.
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Message  cryx thypex Mer 25 Nov 2009 - 20:47

L'emplacement de la pièce de 88, une parmi beaucoup d'autres, avait été soigneusement choisi. En fait, c'était une position idéale. Profondément enterrée dans une cuve de béton circulaire, le canon pouvait battre non seulement le ciel de Tobrouk, mais également toute la baie d'Oum el Siaousk, là même où les commandos britanniques devaient former une tête de pont.
Le lieutenant Bayer tendit le bras vers le canon, dont le long tube était en ce moment pointé vers le ciel.
- Voilà la pétoire du lieutenant Voigt! Chuchota-t-il. Allons vois si nous pouvons leur donner un coup de main!
Borowitz soupira.
- Vous parlez d'une permission de détente, les gars!
Ils marchèrent jusqu'au bord de la cuve. Dès l'abord, Bayer fut intrigué. Les avions continuaient à défiler dans le ciel, mais le 88, cet ardent chasseur, restait obstinément silencieux.
Puis il comprit.
Le fond de la cuve était jonché de cadavres.
Malgré l'obscurité on pouvait distinguer les corps enchevêtrés des servants.
Bayer descendit le premier par la petite échelle de fer. Il faillit glisser dans une mare de sang et un juron lui échappa.
Il se pencha sur l'un des corps. Celui du lieutenant Voigt. Le malheureux avait reçu un coup de couteau en plein coeur.
Les autres, à en juger par leurs blessures, devaient avoir été tués à la grenade. Du travail de commandos, expéditif et terriblement efficace.
Maixner inspectait le canon.
- La pièce est intacte, mon lieutenant! Fit-il enfin. Ils ne l'ont pas sabotée... Pas eu le temps, sans doute!

Dans la ville les explosions continuaient à succéder aux explosions. Les hommes de Cullavon s'attaquaient sans plus attendre aux dépôts de vivres, aux centraux téléphoniques. Mais du côté de la mer tout restait étrangement calme.
Le regard de Bayer se porta sur l'ouverture qui communiquit avec l'abris souterrain. « Bon sang! » murmura-t-il. « J'espère que... »
- Schultz! Allez donc voir!...
Le caporal arma sa mitraillette, et Maixner lui tendit sa torche électrique. Après quoi il coula son corps mince dans l'ouverture.
L'abri bétonné n'était guère profond. Il était garni d'une longue table et de quelques chaises. Lorsqu'ils n'étaient pas de garde les hommes se réunissaient là pour jouer aux cartes.
Kurt Schultz alluma sa torche, et en dirigea le rayon blafard droit devant lui.
- Himmelgott! Bégaya-t-il. Himmelgott!
C'est tout ce qu'il parvint à dire, car l'horreur lui serrait la gorge. Ici, les commandos s'étaient réellement surpassés.
Combien d'hommes y avait-il dans cet abri?
On n'aurait pu le déterminer avec exactitude. Une chose était sûre, il avait fallu des dizaines de grenades pour arriver au spectacle que Schultz pouvait distinguer dans le halo blafard de sa lampe.
Les corps avaient été horriblement déchiquetés par les explosions successives. La force des déflagrations avait encore été amplifiée par l'exiguïté de l'abri, et le manque d'ouvertures.
Chaque grenade, chaque éclat avait porté.
L'un des hommes avait reçu une grenade en plein ventre. L'explosion l'avait littéralement vidé de ses entrailles. Des morceaux de viscères avaient été projetés sur le plafond et les murs, et ces immondes lambeaux humains y étaient restés collés, au milieu de larges taches de sang.
Au autre avait été littéralement décapité, et s'était entièrement vidé de son sang. Du sang! Il y en avait partout. Il formait une véritable maredans laquelle Schultz n'osait pas mettre le pied.
Oui, une véritable boucherie. De la boucherie elle avait aussi cette odeur fade, poisseuse, écoeurante qui soulevait le coeur. Cette odeur qui 'échappe des bêtes fraîchement égordées. A cette différence près, c'est qu'ici il ne s'agissait pas d'animaux, mais d'êtres humains...
Les commandos pouvaient être fiers de leur oeuvre.
Le caporal se retourna, il le va le pied droit pour remonter les marches et le posa sur quelque chose de mou. Il se pencha, tâtonna, et ses doigts rencontrèrent une main. Une main encore tiède, aux doigts souples. Il la souleva, et resta figé par l'horreur.
Cette main avait été coupée à raz du poigner par les éclats.
Le cri s'étrangla dans la gorge de Schultz. Jamais l'horreur de la guerre ne lui avait encore été démontrée de cette façon. Il laissa tomber ce qui, quelques minutes auparavant encore, était une main d'homme bien vivante. Plus jamais cette main ne caresserait un visage de femme, jamais plus elle ne se poserait sur la tête blonde d'un enfant.
Kurt remonta les marches, courbé en deux par la nausée.
- Eh bien? Le questionna vivement le lieutenant dès qu'il le vit réapparaître.
- Tous morts, mon lieutenant!
Et Schultz se détourna pour vomir.
Bayer hocha la tête.
- Combien de coups reste-t-il à tier? Demanda-t-il.
La voix s'élevait. Etonnamment dure, métallique. Le lieutenant Bayer venait d'accorder une pensée émue aux camarades morts. Il restait à les venger. Et pour cela il fallait se montrer aussi dur, aussi inhumain presque, que les hommes qui avaient accompli cette sanglante besogne.
- Plus de quarte cents coups, mon lieutenant! Grogna Borowitz.
Le Berlinois était étrangement calme. Il ne riait plus, ne lançait plus ses plaisanteries à la ronde. Au plus profond de lui-même venait de naître un sentimentétrange. Un sentiment qu'il n'avait pas encore éprouvé jusqu'à ce moment, et qui ressemblait fort à de la haine.
-Bien! Répliqua sèchement Bayer. Il faut se tenir prêts à ouvrir le feu d'une seconde à l'autre, poursuivit-il. Ou je me trompe fort, nous serons seuls à nous opposer au débarquement, si débarquement il y a. il faudra tirer juste, Schultz.
Le petit pointeur se sentait mieux.
- Oui, mon lieutenant!
Bayer consulta sa montre. Il était une heure trente du matin.
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Message  cryx thypex Sam 28 Nov 2009 - 20:52

« Une heure trente! » maugréa Cullavon.
« Déjà trente minutes de retard! »
Dans une demi-heure, très exactement, les navires de guerre qui croisaient au alrge feraient demi-tour. Ils s'éloigneraient, laissant les commandos survivants se débrouiller par leurs prepores moyens. Mais ce n'était aps cela qui péoccupait l'officier britannique, car il en avait vu déjà bien d'autres, et il s'en était toujours tiré. Non, il désirait passionnément que l'opération « Agreement » réussisse. Il était temps, grand temps, que l'on parvienne à envoyer un coup sérieux dans les gencives de Rommel. Et puis, les commandos n'avaient pas franchi 2500 kilomètres de désert pour échouter lamentablement, à quelques minutes de la fin, alors qu'au début tout avait si bien marché.
Que faisaient donc les autres?
1 heure 50. un cri de joie s'échappa de la poitrine de Cullavon. Enfin! Là-bas, droit devant lui, une fusée venait d'éclater dans le ciel. Et cette fusée était blanche.
Les hommes des commandos avaient donc nettoyé toute la bande côtière des batteries allemandes et italiennes qui s'y trouvaient.
Il arma son pistolet lance-fusées, le braqua verticalement vers le ciel, et pressa la détente. La fusée partit en émettant son chuintement caractéristique, puis éclata en projetant sa corolle verte sur l'écran bleu foncé de la nuit.
La Marine pouvait désormais lancer ses bâtimentsà l'attaque. La voie était libre.
Du moins, le capitaine James Cullavon le croyait.
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Message  cryx thypex Sam 28 Nov 2009 - 20:54

- Achtung!
Les hommes se précipitèrent aux commandes de la pièce. Le lieutenant Bayer régla soigneusement l'oculaire des jumelles de nuit qu'ils avaient trouvé sur le cadavre du lieutenant Voigt.
Une masse sombre qui glissait sur l'eau, semblait s'approcher dangereusement près de la côte, à sa gauche.
- Je ne rêve pas! Se murmura-t-il à lui-même. C'est bien un navire de guerre!
Bayer ne se trompait pas. C'était le destroyer « Sikh », auqeul les Britanniques avaient donné les apparences d'un navire de guerre italien. Il croisait au large de Tobrouk en attendant le signal. Et maintenant il fonçait à toute allure vers un point situé au nord afin d'y débarquer son contingent de fusillers-marins.
Ensuite, il aurait pour tâche de couvrir la progression de l'infanterie en pilonnant la côte.
- Objectif en vue à dix heures...Distance: 2000 mètres... Obus de rupture, Borowitz!
- Compris, mon lieutenant!
Le long tube du 88 descendit lentement, tandis que la plate-forme mobile tournait vers la gauche. Il n'y avait plus de courant pour faire fonctionner les servo-moteurs, et toutes les manoeuvres devaient s'effectuer à la main. Mais les hommes s'activèrent fiévreusement, et , en un rien de temps, le canon se trouva pointé sur l'objectif.
Schultz se pencha sur l'appareil de visée. Son coeur battait à grands coups dans sa poitrine. C'était la première fois qu'il tirait sur un objectif en mer. Il est difficile d'atteindre une cible aussi mouvante qu'un bateau, il le savait. Et puis, l'obscurité compliquait terriblement la tâche.
- Feuer!
Le canon gronda, et Schultz, la poitrine haletante essaya de deviner la trajectoire du projectile lancé dans l'espace.
- Trop court!
Le tube se releva imperceptiblement. D'un geste sûr Borowitz enfourna un nouvel obus. Maixner fit claquer la culasse.
- Feuer!
L'éclair de l'explosion fut nettement visible. L'obus avait attent le « Sikh » à hauteur de la passerelle.
- Au temps! Hurla Bayer. Il se tourna vers Borowitz: »Tir à fusant. Le pont de ce bateau doit être bondé de troupes! »
Le 88 reprit son tir à une cadence accélérée. Les obus explosaient l'un après l'autre au-dessus du bâtiment arrosant les soldats qui s'y trouvaient massé l'un contre l'autre de leurs éclats meurtriers.
Mais les tourelles du destroyer se tournèrent vers la côte. Il fallait absolument détecter cette maudite batterie qui, contrairement à toutes les prévisions, semait la panique à bord du « Sikh ». Les « 105 long » de l'avant se mirent à tirer. Un tir sauvage, désordonné.
Les obus du « Sikh » filèrent haut dans le ciel pour exploser dans le désert.
Bayer ricana en voyant le destroyer virer de bord, et repartir à toute allure vers le large.
- Cessez le feu! Ordonna-t-il. Il n'en veut plus!
En mer un nouveau drame se jouait. La vingtaine de vedetts rapides qui attendaient elles aussi le signal de l'assaut, avaient vu la fusée verte. Elles mirent le cap sur la pointe nord de la baie. Là, un homme des commandos, muni d'une torche électrique à haute puissance devait servir de point de repère.
Les commandants de ces vedettes scrutèrent ancieuseent la nuit de leurs jumelles. Rien! Aucun signal ne leur parvenait de la côte. On ne devait l'apprendre que beaucoup plus tard. Le commando se trouvait bien à l'endroit qui lui avait été assigné, mais qu'il avait perdu sa torche. Il s'agissait là de l'un de ces petits incidents, en apparence insignifiants, mais qui peuvent faire échouer les plans les mieux établis.
Les vedettes errèrent à l'aveuglette dans la nuit. Deux d'entre elles, dont les commandants avaient vu jaillir les éclairs de la gueule du 88 mirent le cap droit sur la batterie.
Bayer les repéra alors qu'elles se trouvaient à moins de trois cents mètres du port.
- Objectif à midi! Distance 250 mètres! Obus de rupture! Los! Los!
Les deux petits bâtiments avançaient à allure réduite, mais le lieutenant trépignait d'impatience. Le tube du 88 s'abaissa preque à l'horizontale...
- Feuer!
L'obus partit en sifflant, pour aller ricocher sur la surface unie de la mer.
- Trop long!
Le tube s'abaissa encore.
- Hausse zéro! Annonça laconiquement Schultz.
- Feu !
Il y eut une explosion formidable qui illumina toute la baie durant quelques fractions de seconde. La vedette avait été atteinte par un coup de plein fouet, et les explosifs destinés aux équipes de sabotage venaient de sauter.
La deuxième vedette vira largement de bord en ouvrant le feu avec ses deux mitrailleuses lourdes. Leur tir était remarquablement précis, car les balles se mirent à ricocher sur le 88 qui résonna comme un gong. Les quatre hommes durent se mettre à l'abri.
- T'as vu comment qu'ils ont pris ça? Grommela Borowitz. En plein dans la g... Il est vrai que c'est mézigue qui mets les pruneaux dans la pétoire, et j'i une façon toute spéciale de le faire...
Les phrases ne réveillèrent pas d'échos dans le petit groupe. On avait déposé les cadavres du lieutenant Voigt et de ss hommes un peu à l'écart de la cuvette. Mais on savait qu'ils étaient là, et leur présence causait un indicible malaise. Les blessures éaient encore trop fraîches.
Le tir des mitrailleuses cessa soudain. Bayer, le premier, se redressa les jumelles à la main.
Mais la mer semblait s'être soudain vidée. L'ennemi devait se méfier de cette pièce de 88 trop rageuse, et surtout trop précise à son goût.
Sur la droite, un autre canon venait de prendre le relais.
« Baoum! Baoum! »
Les coups de départ étaient assourdissants.
« Un 210! songea le lieutenant Bayer agrablement surpris. « C'est la batterie du major Porti... Ces Italiens auraient donc échappé au massacre? »
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Message  cryx thypex Dim 29 Nov 2009 - 12:00

Oui, une poignée d'Italien avaient survécu à l'horrible tuerie. Bon nombre d'entre eux étaient blessés, mais ces hommes, dont l'indolence exaspérait habituellement les troupiers allemands, avaient brusquement trouvé une raison de combattre. Eux aussi ils voulaient venger leurs camarades. Les vieilles traditions militaires qui sommeillaient en eux, les plus vieilles de l'Europe puisqu'elles dataient du temps des légions romaines, s'étaient réveillées.

Le major Porti et ses hommes étaient prêts à se faire hacher sur leur pièce.
« Baoum! Baoum! »
Ils avaient pris à parti le deuxième destroyer de la petite flotte de débarquement britannique, le « Zoulou ».
Le destroyer s'était approché de la côte aussi près que possible, c'est-à-dire jusqu'à ce que sa quille ne fût plus qu'à quelques pouces du fond sableux de la mer. Et il tentait de débarquer les hommes dans les barges d'assaut qui s'étaient groupées autour de ses flancs.
Le 210 de Porti tirait au jugé sur la masse mouvante du destroyer. L'un de ses monstrueux obus avait percé la coque de part en part à hauteur de l'étrave. S'il avait explosé, comme il aurait dû le faire, le « Zoulou » se fût trouvé dans une situation des plus dramatiques. Mais les obus de fabrication italienne avaient une fâcheuse tendance à exploser trop tôt ou trop tard.

Le destroyer se mis enfin à répliquer au tir de son adversaire.Et c'est ce qu'attendait patiemment le lieutenant Bayer. Il vit les longues flammes orange qui sortait de la gueule des canons du « Zoulou », ce qui lui permit de situer le bâtiments avec une certaine précision.
- Objectif en vue à quatorze heures!
Borowitz se précipita sur le volan et se mit à le tourner avec vigueur. La plateforme mobile pivota vers la droite.
- Distance 3,500 mètres!
« C'est bougrement loin! » pensa Bayer. « Mais il faut donner un coup de main à nos amis italiens! Et en tapant dans le tas... »
Le réglage du tir fut long, plus long que de coutume. Dans l'oculaire de l'appareil de visée, Schultz devait attendre patiemment, lui aussi, que les canons du « Zoulou » crachent leur mitraille.
Le lieutenant Bayer leva le bras gauche, puis l'abaissa brusquement.
- Feuer!
Sur le flanc gauche du destroyer immobile on vit jaillir un éclair. Bayer fut soudain au comble de la joie.
- Au temps! Hurla-t-il. Et feu à volonté! Los!
Charger...Tirer...Charger...Tirer...
le 88, cette pesante masse de métal, semblait vivre, s'animer, comme quelque monstre préhistorique. Sa gueule crachait des flammes, reculait, s'avançait à nouveau, mordait...
Charger...Tirer... Le canon et ses servants ne formaient plus qu'un.
De temps à autre, Borowitz crachait un long jet de salive brunâtre. Bayer reçut une belle giclée sur ses bottes, mais dans la fièvre du combat, il ne songea pas à s'en offusquer.

Harcelé de toutes parts, le « Zoulou » ripostait de son mieux. Les artilleurs du bord semblaient avoir compris que leur vie était en jeu, et que s'ils ne parvenaient pas à détruire les deux canons qui les pilonnaient, ils iraient rapidement servir de repas aux crabes.
Ils concentraèrent tout d'abord leur feu sur le 210de Porti qui consituait la menace la plus directe, mortelle... Si l'un de ces obus atteignait la soute aux munitions, il ne resterait plus du « Zoulou » que quelques débris flottant sur la mer.
« Baoum! Baoum! »
il sembla au lieutenant Bayer que le 210 tirait moins vite. Ce qu'il ne savait pas, c'est que la moitié des servants du gros canon gisaient sur le sol déchiquetés par les éclats des obus du « Zoulou » ui tirait à fusants. Le major Porti avait tombé la veste, et il aidait les survivants à enfourner les obus dans la panse du mastodonte.
« Baoum! »
Ce fut le dernier coup tiré par l'héroïque major Porti et ses hommes. Le sol trembla violemment, comme secoué par un volcan qui se réveille, et une immense gerbe de flammes monta vers le ciel.
Un obus du « Zoulou » venait de percuter la réserve de munitions de la pièce. Cinquante coups de 210 venaient d'exploser en même temps.
« Pauvres types! » songea mélancoliquement Bayer.
- Plus vite! Ordonna-t-il en se tournant vers les autres.
Il devenait dangereux d'accélérer encore la cadence du tir, car le tube commençait à chauffer dangereusement, mais les trois autres comprient la pensée de leur lieutenant. Bayer voulait que l'enfer fût déchaîner à bord du « Zoulou », et comme il ne disposait que d'un unique canon pour cela, il fallait que ce 88 tirât à lui seul, autant de coups que trois 88 réunis.
Les douilles vides heurtaient le sol de béton avec un bruit clair. « Cling! » parfois, Borowitz en prenait rapidement une brassée dans ses bras, et les jetait sur le côté.
Une flamme claire jaillit soudain à bord du destroyer. Le feu! Alors, à la lueur de l'incendit, on put voir toute l'étendue du drame qui se jouait.

Quelques barges, bourrées de troupes, avaient réussi à prendre le large. Les autres restaient massées autour du destroyer qui brûlait. Sur le pont, les hommes courraient dans tous les sens, pressés de quitter cet enfer flottant. Des grappes humaines pendaient le long des filets qui permettaient de gagner les barges. Parfois, tout cela basculait d'un bloc dans les frêles petits bâtiments qui attendaient quelques mètres plus bas, écrasant les hommes déjà entassés. D'autres, au comble de la terreur, se jetaient dans les flos, préférant la noyade au feu.
Et, par-dessus tout, les obus de 88 qui continuaient à tomber à une cadence infernale. Trouant la coque, tombant sur le pont, sur la passerelle, martelant et déformant le métal, déchiquetant les hommes.
Le commandant du « Zoulou » était au désespoir. « Et dire que l'on m'avait garati qu'il n'y aurait plus une seule batterie intacte dans toute la baie! » gémissait-il. «  Non seulement, j'ai été acceuilli à coups de 210, mais il doit y avoir là une demi-douzaine de ces maudits 88! Que le diableles emporte en enfer! Et aussi ces damnés commandos qui n'ont pas fait leur travail! »

Non, les commandos du capitaine James Cullavon n'avaient pas tué assez de monde au cours de leur mission. Ils avaient perdu du temps. «  Vous transformerez tous ces « macaronis » et ces « choucroutes » en chair à saussice! » Leur avait-on ordonné avant qu'ils ne partent de leurs bases dans le désert. Et ils avaient pris cet ordre au pied de la lettre, les hommes de Cullavon! Ils s'étaient royalement amusés. Dix grenades là où une seule aurait suffi! Et voilà que ces « macaronis », et autres « choucroutes », s'avisaient de leur rendre la monnaie de leur pièce!
Et enfin, comble de malheur, les artilleurs du « Zoulou » se révélaient pitoyables! Il est vrai que l'un des obus de 210 du major Porti avait détruit les communications entre le poste de tir et les tourelles. Livrés à eux-mêmes dans leurs cages blindées, les artilleurs tiraient à vue sur leur objectif. Mais les obus se perdaient dans la nature, allant soulever des colonnes de sable dans le désert, et semant la terreur parmi les bandes d'hyènes.
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Message  cryx thypex Lun 30 Nov 2009 - 11:02

Le jour se leva enfin, et l'ampleur du désastre apparut aux yeux des officiers britanniques.
La poignée d'hommes qui avait pu être débarquéen était aux prises avec un bataillon de grenadiers de la Vème Division. Ils étaient parvenus dans le quartier du port, mais maintenant ils se voyaient contraints de reculer tout en continuant à se battre avec acharnement.
Le « Zoulou » donnait de la bande tout en continuant à brûler. Des épaves flottaient tout autour du navire, et aussi d'innombrables cadavres.
- Cessez le feu! Ordonna enfin le lieutnant Bayer.
Un soupir de soulagement s'échappa de la poitrine des trois servants. Borowitz, au cours des dernières minutes, n'enfournait plus ses obus qu'avec une certaine circonspection. Il s'attendait à voir le tube, surchauffé, exploser d'un moment à l'autre.
Bayer inspectait soigneusement toute l'étendue de la baie à l'aide de ses jumelles. Un mince sourire apparut soudain sur ses lèvres.
« La partie n'est pas encore terminée! » murmura-t-il.
Là-bas, le « Sikh », qui s'était prudemment retiré au alrge après avoir tenté de jeter ses troupes sur la plage, accourait au secours de son « sister ship », le « Zoulou ».
- Achtung! Fit le lieutenant qui ne quittait pas cette nouvelle proie des yeux.
Le « Sikh » n'était plus qu'à une encablure du « Zoulou », et seshélices battaient maintenant l'eau avec force en sens contraire pour l'empêcher d'aller heurter le destroyer agonisant.
La manoeuvre était claire. Les matelors du « Sikh » se préparaient à lancer une amarre, et à prendre leurs camarades en remorque.
Bayer se tourna vers les servants. Le tube du 88 se trouviat toujours en position de tir. Il avait tout simplement viré de quelques degrés vers la gauche.
- paré, mon lieutenant! Fit Maixner.
Bayer approuva d'un signe de tête.
- Feu!
L'obus partit en vrombissant. Il souleva une gerbe d'eau à quelques mètres de l'étrave du « Sikh ».
L'amarre avait été jetée, elle se tendait déjà sous l'effort.
- Feu!
Le lieutenant éclata de rire.
- Donnerwetter, mon garçon! S'exclama-t-il en se tournant vers Schultz. Ce coup-ci, tu ne l'as pas fait exprès, mais tu as cepandant mis en plein dans le mille!
L'obus de 8_ venait de percuter le gros câble d'acier tendu entre les deux navires. L'explosion qui en était résultée l'avait rompu comme une vulgaire ficelle.
Brusquement libéré, le « Sikh » fila en arrière à toute vitesse. Bayer et ses hommes ne purent entendre la clameur de désespoir qui s'éleva à bord du « Zoulou ». Les survivants voyaient s'éloigner leur dernière chance d'échapper à la mort ou aux camps de prisonniers qui les attendaient.
- Feu à volonté! Cria Bayer. Il faut les empêcher de recommencer!
Mais le commandant du « Sikh » avait compris. Il vira de bord, n'ayant aucune envie de voir son bâtiment transformé en passoire comme ce malheureux « Zoulou ». Ces allemands devaient avoir inventé quelque nouveau dispositif de visée, et c'est cela qui rendait leur tir si efficace.
Pour en avoir la preuve, il suffisait de jeter un coup d'oeil sur ce câble d'acier rompu qui pendait à l'avant du destroyer. Dans toute la marine de Sa Majesté on ne trouverait pas un canonnier capable d'une telle performance.
Les 105 long du « Sikh » ourient un feu d'enfer pour protéger la retraite. Autour du 88 du lieutenant Bayer les obus se mirent à siffler et à exploser. Mais une fois encore le tir de l'adversaire se révéla trop nerveux, trop désordonné pour être efficace.
Le « Sikh » s'éloigna à l'horizon.
« Go to hell! Dmned Germans! »
« Allez au diable, maudits Allemands! », voilà ce que pensaient les survivants de l'opération « Agreement ». Cette opération, qui avait pour but de mettre le port de Tobrouk hors d'usage, de faire sauter les installations importantes, et de tuer le plus possible d'ennemis.
Le port était intact. Les commandos avaient réussi à détruire quelques installations de première importance dans la ville et à massacrer un bon nombre d'hommes. Mais aussi à provoquer une belle flambée de haine au sein de l'Afrika Korps.
Le capitaine james Cullavon gisait parmi les morts. Son cadavre était entièrement dévêtu. Cullavon n'avait pas voulu mourir sous l'uniforme ennemi.



fin
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